Faire étape à l’Étape de Tournai

Faire étape à l’Étape de Tournai

Vivre ensemble – 18 décembre 2017

La rude réalité de la rue n’épargne aucune ville de Wallonie. À Tournai, l’Étape, maison d’accueil fondée en 1976, accueille toute personne qui recherche pour un temps un lieu où se poser, souf?er et, éventuellement, repartir dans la vie.

Robert, 46 ans effectue son deuxième séjour à l’Étape en moins de 2 ans. En « décrochage social » suite à une série d’accidents de la vie, il a fui le logement supervisé qu’il avait obtenu au terme de son premier séjour et s’est retrouvé une nouvelle fois « sur le pavé » pendant plusieurs mois.

L’infirmier qui l’a accompagné en rue a réussi à le persuader de rejoindre la maison d’accueil, afin qu’il puisse à nouveau faire le choix de retrouver la stabilité et la sécurité et aussi de se soigner. A l’Étape, Robert a trouvé un endroit où poser son sac et tenter de remonter la pente.

Située en plein cœur de la ville, la maison d’accueil propose 24 lits. Elle héberge et accompagne des hommes et femmes seuls comme Robert, en couple, des parents seuls avec enfant(s), ou des familles.
La maison a pour objectif dans un premier temps d’apporter à toute personne à la rue toute l’assistance matérielle, psychologique, morale et éducative nécessaire.

Dans un deuxième temps, elle vise à mettre en place les démarches pour préparer la réinsertion sociale.

Dans cette optique, elle entend soutenir un maximum de personnes dans l’acquisition ou la récupération d’un logement et de leur autonomie. Et pour ce faire, elle favorise la réinsertion des personnes hébergées dans le circuit du travail, entre autres par le suivi des démarches relatives à la formation et à l’emploi, mais aussi en offrant la possibilité de (ré)apprendre à travailler dans l’Etap’atelier, un atelier de petite menuiserie. Coffres originaux, casiers et boîtes « design » se vendent ici à destination des brasseurs, épiceries fines, cavistes, car-drinks, chocolatiers.

Mais parallèlement, par ce travail du bois les adultes hébergés dans la maison d’accueil comme Robert tentent de (ré)apprendre le rythme du travail.

L’atelier leur offre, en effet, un cadre qui fait parfois défaut.

Pour Robert, travailler à l’atelier c’est d’abord avoir une bonne raison de ne pas se coucher tard la veille, de se lever, d’être à l’heure, de sortir de la maison et de reprendre un jour peut-être une vie professionnelle.

Arrivées à l’atelier, les personnes hébergées sont encadrées, coachées. Elles débutent par des tâches simples et évoluent en fonction de leurs capacités. Elles (ré)-apprennent à respecter des consignes, des délais. Elles sont encouragées et apprennent à recevoir des remarques, à y réagir positivement. Elles apprennent à manier des outils et à respecter les conditions de sécurité, pour elles-mêmes et pour les autres. La participation à l’atelier est volontaire et se déroule en dehors des périodes de recherche logement, formation… Toutes les personnes accueillies comme Robert à l’Étape bénéficient d’un accompagnement social et budgétaire dont le but est de favoriser leur intégration sociale future.

Celle-ci passe par le fait de trouver un logement. Ce que l’association essaie d’appuyer notamment par la valorisation de logements vides et de leur mise à disposition pour ce public fragilisé. Dans cette lignée, l’Étape procure également une assistance administrative, technique ou juridique relative au logement.

En 2016, 66 adultes et 13 enfants ont été accueillis à la maison d’accueil l’Étape et 81 ménages sont actuellement accompagnés dans leur logement. Ce sont des personnes qui ont en commun le fait de rencontrer les mêmes difficultés : dépendances, con?its familiaux et relationnels, sortie de prison, difficultés administratives, manque de formation professionnelle, isolement, santé et santé mentale, pauvreté, errance, surendettement.

Les statistiques des personnes suivies révèlent depuis quelques années la présence régulière et croissante d’enfants qui accompagnent leurs parents, de demandeurs d’asile et de femmes victimes de violences conjugales ou intrafamiliales.

« L’Étape, c’est permettre aux personnes hébergées de retrouver une dignité par le fait de ré-accéder à un toit, à un rythme, à un repas chaud. Il y en a aussi qui trouvent en nous des personnes de confiance vers lesquelles elles peuvent se tourner pour être à nouveau reconnues comme des êtres humains à part entière et non plus comme des personnes déviantes, sans logement, hors des normes », nous dit Matthieu, éducateur.

La participation de l’Étape à la campagne de l’Avent de Vivre Ensemble devrait permettre de récolter les fonds nécessaires pour permettre à l’asbl la pose d’un escalier de secours, indispensable pour respecter les normes de sécurité et la bonne conduite du projet de la maison d’accueil.

https://vivre-ensemble.be/Faire-etape-a-l-Etape-de-Tournai